FABRICATION.

jeudi, novembre 01, 2007

Romanticalement.

Tenir debout malgré une situation météorologique particulièrement tourmentée.
Ex : Il se promenait romanticalement en pleine tempête.

Boîte calmante.

Imaginez-vous en situation de stress intense, une fin de dimanche pluvieux, par exemple. Vous avez besoin d'un calmant, vous saisissez l'étuit en feutre puce, vous désserrez le cordon tressé luisant, c'est facile. Maintenant vous sortez la boîte qui contient les cachets à libération prolongée. Nul besoin de l'ouvrir ; le simple fait de manipuler la boîte vous captive, absorbe rapidement votre angoisse, vous la retournez trois ou quatre fois, renoncez à la lecture des trois lignes sur la tranche (typographie verte sur fond blanc, trop petite pour vos yeux, il fut un temps où vous les connaissiez par cœur, mais les noms de molécules ne sont pas votre spécialité), vous appréciez le degré d'usure des angles, le carton gris clair pelluche discrêtement ; quelques rides à peine visibles sur le rabat. Vous êtes calmé, vous tenez la boîte sous la paume de votre main détendue jusqu'au matin.

Romantiquallement. Adverbe.

(Mot de Sébastien Montéro).

dimanche, septembre 30, 2007

Vintage

Démodé.

lundi, juin 25, 2007

La ferme chocolat.

Mr Richard Spiegelmeier, habitant de Gland (canton de Vaud) trouvait que le goût du lait que produisaient ses vaches était finalement un peu fade, soupçonnant par là que ses vaches s'ennuyaient à manger toujours la même herbe, au bord du même sentier des Toblerones, (ligne de défense anti-chars nommée ainsi à cause de la forme triangulaire des blocs de béton, rappelant la barre Toblerone). Il décide, sans doute inspiré par ces mêmes blocs de béton, de varier le menu de ses vaches en y ajoutant du chocolat (suisse) sous forme de petites pyramides distribuées chaque soir à l'étable.
Devant le succès de l'expérience et l'enthousiasme des croqueraves (habitants de Gland), notament l'ex-empereur Charles 1er d’Autriche-Hongrie lui-même, qui le fournissait gracieusement en chocolat, il va plus loin, et crée pour chaque étable (Six, au total) un menu différent, ici banane, là fraise, un peu plus loin, ananas, avocat et même cranberry. La totalité de sa production est aujourd'hui consommée par les croqueraves, qui se gardent bien d'exporter ces merveilles lactées.

jeudi, mai 24, 2007

La présence augmentée.

(A propos de Salade d’oiseaux mystère, une exposition de Vincent Bergerat.)

Dans une espèce de fouillis végétal, des créatures émergent par intermittence. Le regard les cherche sous le feuillage, tantôt dérouté par leur comportement énigmatique, tantôt inquiet de leur disparition. Parfois, le feuillage donne l’impression de devenir lui-même une créature qui absorbe et qui rejette tour à tour de minuscules êtres humains. L’attention oscille et hésite : doit-elle suivre le mouvement des petites créatures qui apparaissent ou celui de la végétation qui les cache ?

La vidéo "Salade d’oiseaux mystère" ne fait pas que cohabiter avec une demi douzaine de ses œuvres, elle absorbe les sujets que Vincent Bergerat aime particulièrement travailler et qui sont traités dans chacune des pièces de cette exposition : le souvenir, l’oubli, la présence. Et parce qu’il pense qu’une idée ne va jamais seule, pure, isolée, mais qu’au contraire une idée abrite non seulement du composite, mais appâte toujours d’autres idées qui elles-mêmes rassemblent des choses disparates, il ne faut pas s’étonner qu’il ait appelé tout cela salade.

Vincent Bergerat cherche. Il cherche une forme perdue ou un fantôme dans une forme, il cherche la forme d’un moment insaisissable, le moment de l’effusion. Il cherche à fixer la forme de ce moment qui apparaît presque miraculeusement dans des choses apparemment sans rapport les unes avec les autres, par exemple dans cette cascade ou dans ces portraits de femmes aux cheveux si longs. Il cherche des révélations et puis aussi, il cherche à fixer ces révélations — ce qui n’est pas tout à fait la même chose. Il fait les deux à la fois et il a besoin de la répétition et de l’excès pour cela, pour que ce qui lui a été révélé si fugitivement dure, s’installe, s’étale jusqu’à déborder.

Avec les images des femmes aux cheveux longs, il fait déborder la présence. Des cheveux longs peuvent sublimer la présence d’une femme, comme un écrin, mais poussé à l’extrême ce principe bascule et c’est l’inverse qui apparaît : les cheveux interminables fabriquent une nouvelle présence, la présence spéciale de l’effusion, et cette présence est dérangeante parce qu’elle n’est pas faite pour être regardée indéfiniment ainsi mais seulement entraperçue. L’artiste signale ici la dialectique tragique de la présence : à force d’augmenter, la présence finit par se cacher derrière elle-même.

Enfin, avec ses sculptures en huîtres, Vincent Bergerat désire témoigner de son intérêt pour l’oubli. L’oubli non pas comme une disparition, mais comme un processus d’altération matérielle de la présence ou du souvenir. Il s’inspire de la façon dont l’huître travaille l’oubli, quand elle enveloppe de milliers de couches de nacre le grain de sable qui la perturbe. Le grain ne disparaît pas, au contraire, il grossit à mesure que l’huître fait de cette perturbation un élément de sa propre matière en l’incorporant en elle. Avec Miette, Museau et Casque, ses sculptures réalisées en coquilles d’huîtres (autrement dit en souvenirs d’huîtres), l’artiste suscite une question un peu effrontée : si le devoir de mémoire existe, pourquoi ne pas défendre aussi le travail de l’oubli ?

E.H.

mardi, mai 22, 2007

Dissimuler/révéler/recadrer.

De la diversité des choix possibles.

mercredi, avril 11, 2007

Arsène Lupin.

1993. 1 cuiller à café en argent. Volée lors d'une soirée chez D.
1995. 5 cuillers à café en inox. Volées à l'occasion d'une soirée organisée par Arte, rue de Paradis.
1998. Je trouve, à l'intérieur d'un sac en plastique abandonné sur un trottoir, une cuiller (à soupe) frappée du logo de la Wehrmacht, impression très étrange, ne pouvant ni la garder, ni la jeter, j'attends qu'elle disparaisse d'elle même.
2001. F. part définitivement, laissant toutes ses cuillers et ça fait mal, j'attends toujours leur disparition.
2003. J'achète une demi-douzaine de cuillers à pamplemousse chez Dehillerin.
2003. Je déjeune avec A. dans un salon de thé et découvre l'existence des cuillers en bois thermoformé. j'en vole immédiatement 2.
2005. À quelques jours d'intervalle, 2 cuillers à café tombent du ciel à mes pieds. Je les ramasse.
2005. 1 cuiller à soupe un peu ancienne, très belle. Volée dans un bon restaurant.
2005. 1 cuiller à soupe (design scandinave), avec un petit autocollant. Volée au Centre culturel suédois.
2005. 1 cuiller à dessert Eternum (modèle Utah). Volée à la cafétéria du Musée du Louvre.
2006. La caféteria de la maison rouge. Je recule au dernier moment et laisse le serveur emporter les deux cuillers à café.
2006. Demi-vol au palais de Tokyo : j'emporte (au lieu de les jeter, comme tout le monde) 5 cuillères à soupe et 3 cuillères à café en plastique transparent, style camping design.
2006. Septembre. Restaurant de l'hôtel Amour. Dîner d'anniversaire de E. Au cours duquel T. m'annonce qu'elle a une cuiller pour ma collection, (dorée, ou avec une forme bizarre, je ne me souviens plus ) apparue comme ça, spontanément, dans son sac à main. Dans l'enthousiasme de cette nouvelle, j'escamote 1 cuiller à entremets Guy Degrenne pendant que le serveur, très diligement, les ramasse à l'autre bout de la table.
2007. Risqué. Dîner chez F. ; encouragé par le luxe total de l'endroit et animé par la boisson, je décide d'escamoter deux cuillers à soupe (il y a en effet deux modèles à la disposition des convives). Le buffet est tenu par des gens très gentils ; d'ailleurs tout le monde est très bien sous tous rapports, ou presque, ça me gène beaucoup de voler dans ses conditions et si je suis pris sur le faît, étant une sorte d'outsider de la soirée, cela risque d'être assez embarrassant. Bref, je me résouds à prendre les deux cuillers, que j'emmène faire un petit tour au vestiaire, là je m'aperçois qu'elles viennent de chez Ikea, du coup j'en perds une en rentrant à la maison, quel gâchis.
2009. Brasserie Polidor. Déjeuner de célébration de la thèse de J. Volé tranquillement la petite cuiller dont elle s'est servie pour manger sa crème brulée, suite de l'aventure de cette petite cuiller, le 25 décembre.

lundi, avril 09, 2007

RETRAITE ANTICIPÉE.

Imaginez une société et ses bureaux, semblable à celles que l'on voit dans la plupart des séries télévisées ainsi que dans les publicités : les employés vaquent à leurs tâches habituelles, prennent des ascenseurs, boivent du café (déca), envoient quantités de mails et de paquets, font des réunions. Par contre, ils n'improvisent aucune chorégraphie sur les tables, ne font pas de match de basket entre les boxes, c'est le grand calme. Vous ne remarquez pas quelque chose ? Leurs cheveux, clairsemés, blancs de neige comme ceux des morlocks. La moyenne d'âge : 70 ans. Vous pouvez chercher, il n'y a personne en dessous de 60 ans. Où sont les plus jeunes ? Ils voyagent, ils jouissent pleinement d'une retraite bien méritée. Il a été décidé qu'il valait mieux se reposer et voyager quand on pouvait l'aprécier vraiment, visiter les pyramides de Gizeh (à dos de chameau) ou de Vegas avec un col du fémur en parfait état comme tout le reste, et travailler beaucoup plus tard, la tête pleine de très beaux souvenirs de plages ensoleillées et de corps parfaits.


Morlocks. c.f. La machine à remonter le temps H.G. Wells.
Puis, le film homonyme de George Pal.

mercredi, avril 04, 2007

vendredi, mars 16, 2007

jeudi, mars 15, 2007

LE PUZZLE. UN AUTRE ARGO.

J'imagine un puzzle (en trois dimensions) dont chaque pièce est presque identique et qui ne participe à aucune image déterminée à l'avance, mais plutôt à une image implicite ou contextuelle : suggérée par l'auteur du puzzle, ce que l'on sait de lui ; par l'aspect, le matériau utilisé pour fabriquer les pièces, etc…

ART & COMMERCE. FACTURE. BVB.

ART & COMMERCE. LES CARTES.
PROTOTYPE PMMA.

mardi, mars 06, 2007

ART & COMMERCE.
BANQUE VINCENT BERGERAT.
LES CARTES.

Les cartes, nominales, restent à jamais la propriété de l'artiste/banquier, elles sont louées à l'année, remplacées (en cas d'usure) au plus, une fois l'an et déclinées en matières plus ou moins nobles, ce qui permet une évaluation assez facile du pouvoir d'achat de la personne possédant la carte. La perte d'une (ou plusieurs) des cartes ne dispense pas du paiement du loyer.


Dans un premier temps, quatre modèles sont proposés :

Pain grillé.
Coton blanc brodé noir.
Plexiglas gravé (Épaisseur, environs 4mm).
La couleur est à la discrétion du (ou de la) collectionneur (euse).
Or massif.

Les prix sont secrets.

vendredi, février 23, 2007

ART & COMMERCE.

PREMIÈRE TRANSACTION.

Alexandra Compain-Tissier, artiste, s'est portée acquéreuse de billets de la banque Vincent Bergerat pour une somme de vingt euros. Lui ont été remis : un billet de dix, un billet de 8 et deux billets de 1.



Photo, Agnès Dahan.


DEUXIÈME TRANSACTION. (TROC).

Delphine André, galeriste, a troqué un morceau de Salers (environs 150 grammes) acheté chez "Les secrets de Betty" fromager à Toulouse, contre un billet de 10 de la Banque Vincent Bergerat.



Photo, Hubert Benita.

dimanche, février 18, 2007

ART & COMMERCE. BANQUE VINCENT BERGERAT.

UNE BANQUE, puis une monnaie (papier) :
Focalisée sur la seule question véritablement importante : combien ? (et non pas, un Renaissance (50 €) ou un baroque et rococo, (100 €). Question camouflée par les monnaies en cours qui tentent toujours de se faire passer pour des séries de mauvais petits tableaux (petites icônes) en papier plus ou moins indéchirable.

Chaque série émise porte un chiffre : 1, 5, 8, 10, 20, 50, 100, 500, 800 ; ainsi que le nom de la banque (mon nom), bien que cela ne soit pas strictement nécessaire. Pas de nom de monnaie, bien entendu.

La question de l'assimilation à (l'art de) la miniature étant évacuée, le billet est considéré comme une œuvre d'art sur décision du banquier.

Racourci.
L'argent ne sert plus à acheter une œure d'art, il est une œuvre d'art.

Visibilité / exposition.
L'Ostentation de cette monnaie et des cartes de la banque Vincent Bergerat est (tout comme pour les autres monnaies), perçu comme un acte vulgaire par ceux qui en possèdent et souhaitable par ceux qui n'en possèdent pas ou depuis peu.

Contrefaçon :
Une goutte de (ma) salive est déposée sur chaque billet.

Un double système de valeur :
(à ce propos, il est amusant de constater qu'une contrefaçon d'un billet de 50 francs (Quentin de la Tour de 1983 neuf, est proposé à 60€ sur un site français de numismatique).

a) La valeur nominale indiquée sur son unique face imprimée, contre laquelle il est échangé et reste échangeable* en euros, dollars, ou livres sterling, peu importe.

b) La valeur d'échange sur le marché de l'art, qui varie comme chacun sait en fonction de facteurs multiples.


* Chaque personne se procurant l'un ou plusieurs de ces billets s'engage tacitement à ne jamais réclamer la somme versée.










mardi, janvier 16, 2007

La gratterie.

Instance de pensée qui démange. Cette instance coexiste avec les autres instances de pensée de la vie ordinaire et extraordinaire, communiquant parfois avec elles, cherchant désespérément qu'on la gratte, qu'on la soulage par un frottement résolutoire. C'est l'instance des questions, des énigmes, des problèmes.
Cf Artaud, (L'Ombilic des Limbes) : "La vie est de brûler des questions."

jeudi, janvier 11, 2007

Fractale de Proust. Espaces emboités.

"Nous fîmes quelques pas à pied, sous la grotte verdâtre, quasi sous-marine d'une épaisse futaie sur le dôme de laquelle nous entendions déferler le vent et éclabousser la pluie. J'écrasai par terre des feuilles mortes qui s'enfonçaient dans le sol comme des coquillages, et je poussais de ma canne des chataîgnes, piquantes comme des oursins".

Deux espaces emboités, de forme identique, soumis à des pressions similaires. L'immense dôme végétal (la futaie) sur lequel viennent déferler vent et pluie ; le petit dôme végétal (la chataîgne, la feuille coquillage) sur lequel la canne vient exercer une pression qui lui vient du promeneur.

Le Côté de Guermantes. Marcel Proust.